Newsletter 3 : Sahara Occidental – Nouakchott
La dernière fois, nous vous avions laissé à Marrakech…
Cela nous parait déjà bien loin tant nous avons accumulés les péripéties depuis…
Après Marrakech la rouge, nous passons juste une soirée à Essaouira la blanche… Un drôle de
concept nous attendait pour notre dîner : là-bas, on achète son poisson sur le marché et on le fait
griller par le cuisinier de la place ! Comme la route est longue, les kilomètres défilent à bon train,
ce qui nous amène à pénétrer sur le territoire du Sahara occidental. Le désert est là, sous nos
yeux. Bien que monotone, le paysage nous plait car il nous est peu familier.
La traversée du Sahara occidental aura été marquée par notre arrêt à Laayoune ou nous avons été
convié à prendre le thé par les gens devant chez qui nous nous étions garés. Le triple thé
traditionnel (dur comme la vie, puis sucré comme l’amour, et enfin doux comme la mort) s’est
vite transformé en véritable repas, tous assis en rond à tremper notre pain dans le tajine aux
boulettes de sardines… succulent ! Nous n’avons qu’entraperçu la dame de la maison, voilée,
apportant le plat, ne nous adressant pas la parole…
Nos hôtes nous permettent de comprendre la situation ambiguë du Sahara Occidental. Voilà ce
que nous en avons compris : ce territoire, colonie espagnole jusqu’en 1975, est depuis sous
domination marocaine.
En 1975, les affrontements éclatent alors que des familles commencent à migrer à Tindouf
(Algérie). En 1991, l’ONU intervient et met en place un cessez le feu visant à organiser un
référendum. L’armée saharienne se réfugie à son tour à Tindouf. Elle y est encore (depuis 12
ans) avec certaines familles qui patientent donc depuis 28 ans… Si l’ONU persiste dans son
immobilisme, la situation peut s’envenimer du jour au lendemain. Plus loin sur la route, nous
constaterons l’implantation de villages entièrement neufs perdus en plein désert… Il semblerait
que le Maroc tente de peupler le Sahara au maximum afin de remporter le très attendu
référendum, seul capable de débloquer la situation… d’où l’immobilisme de l’ONU ?!
Plusieurs jours nous seront nécessaires pour approcher la frontière mauritanienne. Nous testerons
successivement bivouac et hôtel local avec cafards de douches incorporés !...
70 kms avant de quitter la route goudronnée pour la piste cabossée, le roulement de la roue
arrière droite claque, la voiture devient dure à conduire et la roue sent le cramé. A faible allure,
nous poursuivons jusqu’à la dernière station service marocaine, à 10 km de là. Comment allons
nous faire ? Nous sommes à 300 km de Dakhla, la ville la plus proche, paumés au fond du
désert…
Ici, nous avons compris depuis longtemps que le Maroc était le pays du « Pas de problème, que
des solutions » Au fond du désert, la solidarité est tout de suite de mise. Nous rencontrons un
mécano de Dakhla à la station service, qui nous promet de revenir le lendemain matin avec un
roulement neuf…
19h00 le lendemain… tjs rien !... S’est-on fait berner? Notre pote arrivera finalement vers 21h00
! La pièce n’était pas disponible à Dakhla, il a du remonter la chercher à Laayoune, 600 km plus
haut, c'est-à-dire 1200 km A-R ! Ici, les notions de distance ne sont pas les mêmes que chez nous,
on comprend alors déjà pourquoi les notions de temps sont également différentes. Par précaution,
nous nous munissons d’ 1 roulement supplémentaire…
L’arrêt à la station nous permet de faire des rencontres. Nous reverrons presque toutes nos
connaissances par la suite, parfois dans les auberges, d’autres fois ensablés dans le désert, lieu
finalement assez mondain !... Nous sympathisons notamment avec 3 français saisonniers que
nous ne quitterons qu’à Nouakchott.
C’est parti ! Fini le bitume ! A nous le sable ! (Sansune certaine appréhension pour la Passat
inexorablement basse). Allez vous nous croire ? Nous progressons jusqu’à Nouadhibou sous une
pluie diluvienne !!! Nous bénissons le ciel d’avoir eu notre panne avant la piste et à l’abri !
Arrivée à Nouadhibou sous la flotte, rues inondées, contraste saisissant avec le Maroc, la plupart
des maisons sont des taudis.
Hésitant depuis longtemps entre 2 solutions : prendre le train minier ou la piste, nous sommes
rapidement fixés : pas de place pour la voiture dans le train avant 10 jours… Ce sera donc la piste
! A l’auberge ABBA, notre convoi finit de se former : Adriano et «Ian-Louc », 2 italiens
excellents qui nous mijoteront d’inimitables « pastas avec les sauces de la mama » ! et 4 autres
français qui nous quitterons à la première panne…
En piste ! Le périple s’annonce difficile à cause de la pluie qui a formé d’immenses flaques d’eau
dans le désert. Aucun 4x4 n’est arrivé à destination depuis 4 jours… Qu’en sera-t-il de notre
Passat ? Le sable est gorgé d’eau et on s’y enfonce plus facilement. Ouh la gadoue, la gadoue, la
gadoue !!!
L’une des nombreuses haltes sera la boutique du dsert… Echoppe paumée au milieu de nulle
part. Coca et denrées y sont disponibles. Les mauritaniens ne finiront jamais de nous surprendre !
A proximité, une immense flaque d’eau s’est formée pour la circonstance. Surprenons les à notre
tour… Une baignade en plein désert s’imposait !!!
Le convoi repart. Nous sommes comblés par le paysage dénudé et propice à la méditation. Nous
aurons d’ailleurs le temps de méditer, mais ça, nous ne le savons pas encore…
Au cours de la traversée, nous accumulerons les problèmes mécaniques : les italiens devront
retourner à Nouadhibou pour acheter un nouveau cardan. De notre côté, le roulement, de piètre
qualité (made in china!) cèdera encore 2 fois… La deuxième fois, nous sommes à mi-chemin.
200 km restent à faire pour atteindre Nouakchott. Guénaël part avec le reste du convoi en quête…
d’un bon roulement (made in Germany). Pendant ce temps, je reste avec Fabrice à méditer dans
le sable, livrés à nous même au fond du Sahara, sous la canicule, rationnant eau et nourriture en
cas d’attente prolongée. Nous prenons conscience de notre dépendance envers la mécanique…
C’est décidé, la prochaine fois, ça sera à dos de chameau… presque aussi rapide et plus sûr !
C’est bien fatigués que nous arrivons ce soir à Nouakchott. A cause des inondations et des pannes
successives, 5 jours auront été nécessaires pour parcourir les 380 Kms de désert… Que
d’aventures ! Prochaine étape : le Sénégal ou 2 centres techniques nous attendent.
Nico.
Consultez notre site: www.enquetedumonde.fr.st pour des photos
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