mardi, novembre 25, 2003

Newsletter 4 : Nouakchott - Sénégal

Nouakchott nous a fait une drôle d’impression. C’est une ville comme on n’en a jamais vu
auparavant. On a une impression de « pas fini » ! Et c’est peut-être le cas car cette ville n’est
sortie de sous les dunes que très récemment (1960). L’ambiance dans les rues est morte pendant
la journée et bruyante la nuit. Il faut dire aussi que nous sommes dans un contexte un peu
particulier : on est en plein ramadan et en pleine période de campagne électorale pour les
présidentielles. (Le président sortant a d’ailleurs été réélu : étonnant, non ?!) Toute la nuit, des
hauts parleurs crient des slogans politiques quand ce n’est pas le muezzin qui appelle à la prière !
Notre départ vers le Sénégal a été repoussé d’une journée car notre hôte à Nouakchott, Caroline,
coopérante chez CARITAS, nous a fait visiter le centre de formation et d’insertion
professionnelle tenu par cette ONG. Cette visite non programmée fut fort appréciable car nous
n’avions l’intention de visiter que des centres salésiens ; nous diversifions donc nos points de
vue. De plus CARITAS s’occupe d’une région du Sahel où des femmes puisent l’eau à la main
pour la culture et semble donc très intéressé pour développer notre système de pompage.
Puis direction Sénégal…Ce pays s’est offert à nous d’une façon fort désagréable ! Nous avons
franchi la frontière mauritano sénégalaise à Rosso au milieu d’une foule oppressante, de policiers
corrompus, de douaniers en quête d’euros, sous 45°… En étant Toubab (français), nous étions les
cibles de toutes les personnes cherchant le profit et comme on se sait jamais à qui faire confiance,
il est très difficile de s’en sortir à moindre coût !!
Le Sénégal nous dévoile ensuite des aspects beaucoup plus sympathiques !
Nous retrouvons tout d’abord de la verdure (chose que nous avions laissé il y a quelques temps
avant la Mauritanie). La brousse comme nous l’imaginions borde la route, avec de grands
baobabs, des zébus gardés par des enfants; des cases en paille séchée où s’abritent de nombreuses
familles wolofs (l’ethnie majoritaire ici)…
Notre première étape est Saint-Louis du Sénégal, ville très marquée par son passé colonial (elle a
été la capitale du Sénégal pendant de longues années mais à cause des risques de la guerre avec la
Mauritanie, ils ont préféré éloigner la capitale de la frontière et ainsi la mettre à Dakar). Saint-
Louis a 2 côtés : l’île magnifique avec de beaux bâtiments coloniaux malheureusement laissés
pour la plupart à l’abandon ; et l’intérieur des terres beaucoup plus pauvre, majoritairement
constitué de bidonvilles ! Et c’est là que nous nous faisons accueillir par une famille sénégalaise
pour la nuit. Nous pénétrons donc dans le quotidien de ces gens, chose que nous recherchions
par-dessus tout. Ici, la notion de famille est très large, ils sont tous cousins, frères... Avec les
jeunes, nous passons l’après-midi sur une plage de sable blanc, sous des paillotes traditionnelles
à faire griller du poisson sur un feu de bois, au son des djembés !! (petite pensée pour l’hiver
européen !!)
Dakar est une étape obligée pour nous à cause de quelques formalités mais nous aurions préféré
éviter cette grande ville oppressante ! Nous ne pouvons pas souffler une minute, il y a tout le
temps un Sénégalais pour vous vendre des pantalons, pour vous indiquer une rue quand vous
avez l’air d’errer, pour vous conduire à un hôtel où il touchera une commission…Nous sommes
choqués par ce nombre impressionnant d’enfants dans les rues qui demandent de l’argent. On
nous explique que se sont les talibés : des enfants laissés par leur parent à un marabout qui leur
enseigne le coran et les lâche dans la rue pour récupérer l’argent le soir ! C’est un véritable fléau
pour ce pays, mais les autorités ne font rien, les marabouts sont très puissants ici !
Thiès est une petite ville où nous sommes accueillis par la communauté Salésienne qui tient un
centre de formation technique en menuiserie, mécanique générale et électricité. Nous visitons
donc tous les ateliers, communiquons avec les professeurs sur les problèmes que nous notons tous
scrupuleusement. Notre présentation de la pompe est bien accueillie par les élèves qui y voient un
projet porteur ! La rencontre d’un des professeurs de mécanique nous marque : il s’agit de
François, un Sénégalais qui se consacre entièrement à ses élèves et dont son plus grand souhait
serait de se former en Europe. Contrairement à beaucoup de jeunes ici, il a compris que son rôle
était peut-être de se former chez nous mais de travailler dans son pays et non en Europe ! Nous
consacrons notre après-midi à le former sur un logiciel de CAO : il est comme un enfant devant
une console de jeu !!
Nous gagnons ensuite Tambacounda par une route que nous ne pouvons nommer ainsi ! C’est en
réalité un reste de bitume sur 400 km totalement défoncé ! Nous voilons une jante mais ce n’est
pas grave, nous commençons à avoir l’habitude de changer une roue! Nous mettons 7h pour faire
250km !! Nous croisons régulièrement ces camions bariolés qui servent de transports en
commun. On les appelle ici les « s’en fout la mort » et ils portent bien leur nom !
A Tambacounda, un centre salésien nous attend aussi. Il forme les enfants en électricité, tôlerie et
mécanique automobile. Ils nous font part de leurs besoins, de leurs manques… Nous répertorions
tout sur informatique pour notre base de données.
Nous pensions pouvoir embarquer dans le train pour Bamako avec la voiture sur une plate forme
mais le tout récent rachat de la compagnie par las Canadiens change la donne : nous devons
rejoindre la capitale Malienne par des pistes défoncées, des bouts de bitume et de la tôle ondulée
! Ce n’est pas pour nous réjouir mais tant pis !
Nous quittons ainsi le beau pays sénégalais avec ses habitants si souriants et si accueillants (sauf
à Dakar !) pour entrer dans les terres du Mali…
A suivre…
Fab