jeudi, novembre 27, 2003

Neswletter 5: le Mali

8 novembre 2003, nous pénétrons enfin au Mali, et le changement déjà se fait
sentir sur la route : plus de goudron (même troué), seule une piste de terre
rouge qui laisse une épaisse traînée de fumée derrière nous nous sert de fil
d’Ariane en pleine brousse. La frontière malienne posera quelques soucis,
notre assurance ne leur plaisant visiblement pas, et les douaniers prétextant
qu’elle n’est pas valable au Mali (bien que ce soit marqué noir sur blanc sur
notre contrat AXA) veulent nous extirper… 10 000 frs CFA pour passer ! Mais à
force de persuasion et surtout d’une lettre de recommandation de l’ambassade
nous passerons sans encombre.
Nous arrivons à Kayes le soir même où nous nous mettons aussitôt en quête d’un
train pouvant transporter la voiture jusqu’à Bamako quand un policier en chef
nous immobilise la voiture pour la même histoire d’assurance ; à croire qu’ils
se sont donnés le mot pour arnaquer les touristes ! Nous userons de plus de
diplomatie ce soir là en appelant l’ambassade de France à Bamako ; le policier
apprenant cela nous rend bien vite nos papiers la queue basse : nous exultons
! C’est la première victoire que nous remportons face à ces policiers et
douaniers corrompus ; pour fêter cela nous nous offrons un petit resto dans
une échoppe d’apparence assez minable mais que nous animerons avec notre
guitare et quelques percussions improvisées par des maliens… Nous sommes
accueillis à Kayes par le père Koumtoubré, dont le sermon animé de sa messe
nous laissera un vif souvenir, tout comme l’assemblée de cette même messe qui
a gardé la disposition coloniale : les hommes à gauche, les femmes à droite…
et nous, qui n’avons rien vus, nous sommes bien sur mis du côté de ces dames !
Le marché de Kayes est superbe :
des boubous haut en couleurs, des étalages qui débordent d’épices, citrons,
piments, viande, et un florilège d’odeurs allant des plus douces aux plus
acres… mais point question de photo, les maliens ne les apprécient visiblement
pas !
Depuis que la société nationale de chemin de fer malienne a été rachetée par
les canadiens, il n’est plus possible de mettre la voiture sur le train pour
Bamako ; il nous faut donc reprendre la piste dont personne n’est ici en
mesure de nous dire l’état. Nous nous rendons donc compte par nous même
qu’elle n’est pas excellente, mais de grands travaux entrepris par la
communauté européenne ont pour objet de relier Kayes à Bamako par la route,
ainsi on trouve de grandes portions fraîchement goudronnées qui nous
permettront d’augmenter un peu notre moyenne (600 km en 2 jours !). La piste
se termine par plusieurs km de tôle ondulée, un cauchemar tant pour la voiture
qui semble prête à exploser que pour nous qui avons l’impression que nos dents
vont se déraciner ; mais si nos dents sont toujours là les freins eux ont
décidé de nous lâcher définitivement et tombent à nos pieds quand nous
enlevons la roue ! Sitôt arrêté une foule de curieux se presse autours de la
voiture, et pendant que Fab distribue généreusement des biscuits à toute
l’assemblée d’enfants (très disciplinés, chacun veille à ce que son voisin ait
bien été servi ! On est loin des goûters louveteaux…), un garagiste avec une
vis et un peu de fil de couture (véridique !) nous fait une réparation qui
nous permettra de tenir jusqu’à Bamako, et ce sans rien nous demander en
échange ! Rien à voir avec la mentalité mauritanienne…
On plonge à Bamako plutôt qu’on y arrive, et nous nous retrouvons vite dans
cette fièvre qui semble animer toutes les villes africaines ; nous posons avec
joie nos bagages pour quelque temps dans le centre de formation
professionnelle salésien Père Michel, dont le directeur Ferdinand Zigui nous
attend. Nous avons la mission d’installer notre pompe dans une ferme que les
frères possèdent au bord du fleuve Niger, à Moribabougou. Une petite étude sur
place nous permet de dimensionner les différents éléments de l’éolienne que
nous fabriquerons à la section construction métallique du centre, construction
qui compte tenu du rythme africain qui s’est imposé à nous nous prendra un peu
plus de temps que prévu… c’est la nonchalance ! Quelques données techniques
pour les ingénieurs qui nous liront : l’éolienne est de type savonius, qui
permet un amorçage par vent faible et assure une rotation quasi-constante.
Elle est reliée à la pompe dans le puit par un fer à béton guidé en rotation
par des paliers en bois et un grand tube PVC. Enfin les roulements permettant
à l’ensemble de tourner sont faits de billes en verre et de bois. Nous devons
aussi modifier quelques éléments sur la pompe : les clapets ne sont pas
parfaitement étanches, et une culasse est à refaire.
L’employé de la ferme, Drissa, nous aide bien dans notre tâche, et nous
donnera même de délicieuses mangues, et des bananes qu’on peut venir cueillir
directement sur l’arbre ! Et effectivement elles sont bien meilleures ainsi…
Nous avons eu quelque inquiétude jusqu’au dernier moment lors de
l’installation de la pompe : nous désespérions de voir enfin les clapets en
bois fonctionner (toujours ce problème d’étanchéité) ; et après avoir essayé
diverses solutions plus ou moins heureuses nous nous sommes tournés vers
l’achat dans le commerce de clapets parfaitement étanches. La pompe fonctionne
donc bien, reste le vent, facteur que nous ne maîtrisons pas… Photos
prochainement sur le site !
Nous profitons de notre halte à Bamako pour nouer des contacts plus profonds
avec les gens que nous rencontrons : déjà les pères salésiens avec qui nous
partageons quotidiennement les repas : père Ramon, un air sévère qui dissimule
mal un côté pince-sans-rire et une grande culture, nous aurons de grandes
discussions avec lui, le père Zigui, un togolais drôle, et deux frères :
Isidore et Bernard. Nous nous lions d’amitié avec un employé du cyber café
duquel nous vous envoyons nos nouvelles, Abou, qui est impressionné d’avoir
sous ses yeux trois jeunes venant de France en voiture ; ils nous fait
découvrir les « bons plans » de Bamako by night. Nous visitons aussi un peu
la ville, notamment son superbe musée retraçant l’histoire du Mali au travers
de statuettes africaines ou de tissus traditionnels.
A toutes ces rencontres s’ajoutent celle d’un ancien élève de notre école
travaillant dans les forages et assez sceptique quand à la viabilité à long
terme de notre projet, et celle d’un couple de retraités français, M. et Mme
Regnier-Vigouroux, qui ont consacré une bonne partie de leur vie à la
réalisation d’infrastructures dans deux villages proches de Bamako (écoles,
dispensaires, installation de pompes, distributions de médicaments,
vêtements…) ; leur travail est prodigieux, et nous sommes impressionnés par ce
couple qui ne se laisse pas démonter par la mauvaise utilisation qui est faite
de leurs réalisations : les panneaux solaires des pompes sont volés, la salle
des fêtes qu’ils ont construits se transforme en école coranique, les pompes à
main ne sont pas entretenues et tombent en désuétude… Plus prudents maintenant
grâce à leur bonne expérience, ils aident toujours de bon cœur ces villageois
malgré ces incidents dus à la mauvaise mentalité que leur a inculqué le régime
dictatorial précédant.
Un mot enfin sur le ramadan qui a pris fin le 25 novembre : déjà il faut
savoir que la consommation des ménages est supérieure pendant le mois de
ramadan, les gens engouffrant force plats la nuit en vue de la journée ; le
dernier jour du ramadan on voit des troupeaux de vaches envahir les routes, et
des gens égorger et découper à même le sol leur bovin familial. Ensuite c’est
l’effervescence, les maliens revêtent leurs plus beaux boubous, achètent des
habits neufs pour leurs enfants et font une bonne fête pendant deux jours ! Ce
ramadan sonne comme en écho aux préparatifs de Noël qui constituent en général
l’actualité de cette période en France, mais nous sommes à mille lieux de tout
cela ! Nous pensons fêter Noël au Burkina, et espérons trouver d’autres
personnes pour se joindre à nous… contacts sur place bienvenus ! En attendant
bons préparatifs à tous, et mettez bien vos petites laines !
Guénaël
8 novembre 2003, nous pénétrons enfin au Mali, et le changement déjà se fait
sentir sur la route : plus de goudron (même troué), seule une piste de terre
rouge qui laisse une épaisse traînée de fumée derrière nous nous sert de fil
d’Ariane en pleine brousse. La frontière malienne posera quelques soucis,
notre assurance ne leur plaisant visiblement pas, et les douaniers prétextant
qu’elle n’est pas valable au Mali (bien que ce soit marqué noir sur blanc sur
notre contrat AXA) veulent nous extirper… 10 000 frs CFA pour passer ! Mais à
force de persuasion et surtout d’une lettre de recommandation de l’ambassade
nous passerons sans encombre.
Nous arrivons à Kayes le soir même où nous nous mettons aussitôt en quête d’un
train pouvant transporter la voiture jusqu’à Bamako quand un policier en chef
nous immobilise la voiture pour la même histoire d’assurance ; à croire qu’ils
se sont donnés le mot pour arnaquer les touristes ! Nous userons de plus de
diplomatie ce soir là en appelant l’ambassade de France à Bamako ; le policier
apprenant cela nous rend bien vite nos papiers la queue basse : nous exultons
! C’est la première victoire que nous remportons face à ces policiers et
douaniers corrompus ; pour fêter cela nous nous offrons un petit resto dans
une échoppe d’apparence assez minable mais que nous animerons avec notre
guitare et quelques percussions improvisées par des maliens… Nous sommes
accueillis à Kayes par le père Koumtoubré, dont le sermon animé de sa messe
nous laissera un vif souvenir, tout comme l’assemblée de cette même messe qui
a gardé la disposition coloniale : les hommes à gauche, les femmes à droite…
et nous, qui n’avons rien vus, nous sommes bien sur mis du côté de ces dames !
Le marché de Kayes est superbe :
des boubous haut en couleurs, des étalages qui débordent d’épices, citrons,
piments, viande, et un florilège d’odeurs allant des plus douces aux plus
acres… mais point question de photo, les maliens ne les apprécient visiblement
pas !
Depuis que la société nationale de chemin de fer malienne a été rachetée par
les canadiens, il n’est plus possible de mettre la voiture sur le train pour
Bamako ; il nous faut donc reprendre la piste dont personne n’est ici en
mesure de nous dire l’état. Nous nous rendons donc compte par nous même
qu’elle n’est pas excellente, mais de grands travaux entrepris par la
communauté européenne ont pour objet de relier Kayes à Bamako par la route,
ainsi on trouve de grandes portions fraîchement goudronnées qui nous
permettront d’augmenter un peu notre moyenne (600 km en 2 jours !). La piste
se termine par plusieurs km de tôle ondulée, un cauchemar tant pour la voiture
qui semble prête à exploser que pour nous qui avons l’impression que nos dents
vont se déraciner ; mais si nos dents sont toujours là les freins eux ont
décidé de nous lâcher définitivement et tombent à nos pieds quand nous
enlevons la roue ! Sitôt arrêté une foule de curieux se presse autours de la
voiture, et pendant que Fab distribue généreusement des biscuits à toute
l’assemblée d’enfants (très disciplinés, chacun veille à ce que son voisin ait
bien été servi ! On est loin des goûters louveteaux…), un garagiste avec une
vis et un peu de fil de couture (véridique !) nous fait une réparation qui
nous permettra de tenir jusqu’à Bamako, et ce sans rien nous demander en
échange ! Rien à voir avec la mentalité mauritanienne…
On plonge à Bamako plutôt qu’on y arrive, et nous nous retrouvons vite dans
cette fièvre qui semble animer toutes les villes africaines ; nous posons avec
joie nos bagages pour quelque temps dans le centre de formation
professionnelle salésien Père Michel, dont le directeur Ferdinand Zigui nous
attend. Nous avons la mission d’installer notre pompe dans une ferme que les
frères possèdent au bord du fleuve Niger, à Moribabougou. Une petite étude sur
place nous permet de dimensionner les différents éléments de l’éolienne que
nous fabriquerons à la section construction métallique du centre, construction
qui compte tenu du rythme africain qui s’est imposé à nous nous prendra un peu
plus de temps que prévu… c’est la nonchalance ! Quelques données techniques
pour les ingénieurs qui nous liront : l’éolienne est de type savonius, qui
permet un amorçage par vent faible et assure une rotation quasi-constante.
Elle est reliée à la pompe dans le puit par un fer à béton guidé en rotation
par des paliers en bois et un grand tube PVC. Enfin les roulements permettant
à l’ensemble de tourner sont faits de billes en verre et de bois. Nous devons
aussi modifier quelques éléments sur la pompe : les clapets ne sont pas
parfaitement étanches, et une culasse est à refaire.
L’employé de la ferme, Drissa, nous aide bien dans notre tâche, et nous
donnera même de délicieuses mangues, et des bananes qu’on peut venir cueillir
directement sur l’arbre ! Et effectivement elles sont bien meilleures ainsi…
Nous avons eu quelque inquiétude jusqu’au dernier moment lors de
l’installation de la pompe : nous désespérions de voir enfin les clapets en
bois fonctionner (toujours ce problème d’étanchéité) ; et après avoir essayé
diverses solutions plus ou moins heureuses nous nous sommes tournés vers
l’achat dans le commerce de clapets parfaitement étanches. La pompe fonctionne
donc bien, reste le vent, facteur que nous ne maîtrisons pas… Photos
prochainement sur le site !
Nous profitons de notre halte à Bamako pour nouer des contacts plus profonds
avec les gens que nous rencontrons : déjà les pères salésiens avec qui nous
partageons quotidiennement les repas : père Ramon, un air sévère qui dissimule
mal un côté pince-sans-rire et une grande culture, nous aurons de grandes
discussions avec lui, le père Zigui, un togolais drôle, et deux frères :
Isidore et Bernard. Nous nous lions d’amitié avec un employé du cyber café
duquel nous vous envoyons nos nouvelles, Abou, qui est impressionné d’avoir
sous ses yeux trois jeunes venant de France en voiture ; ils nous fait
découvrir les « bons plans » de Bamako by night. Nous visitons aussi un peu
la ville, notamment son superbe musée retraçant l’histoire du Mali au travers
de statuettes africaines ou de tissus traditionnels.
A toutes ces rencontres s’ajoutent celle d’un ancien élève de notre école
travaillant dans les forages et assez sceptique quand à la viabilité à long
terme de notre projet, et celle d’un couple de retraités français, M. et Mme
Regnier-Vigouroux, qui ont consacré une bonne partie de leur vie à la
réalisation d’infrastructures dans deux villages proches de Bamako (écoles,
dispensaires, installation de pompes, distributions de médicaments,
vêtements…) ; leur travail est prodigieux, et nous sommes impressionnés par ce
couple qui ne se laisse pas démonter par la mauvaise utilisation qui est faite
de leurs réalisations : les panneaux solaires des pompes sont volés, la salle
des fêtes qu’ils ont construits se transforme en école coranique, les pompes à
main ne sont pas entretenues et tombent en désuétude… Plus prudents maintenant
grâce à leur bonne expérience, ils aident toujours de bon cœur ces villageois
malgré ces incidents dus à la mauvaise mentalité que leur a inculqué le régime
dictatorial précédant.
Un mot enfin sur le ramadan qui a pris fin le 25 novembre : déjà il faut
savoir que la consommation des ménages est supérieure pendant le mois de
ramadan, les gens engouffrant force plats la nuit en vue de la journée ; le
dernier jour du ramadan on voit des troupeaux de vaches envahir les routes, et
des gens égorger et découper à même le sol leur bovin familial. Ensuite c’est
l’effervescence, les maliens revêtent leurs plus beaux boubous, achètent des
habits neufs pour leurs enfants et font une bonne fête pendant deux jours ! Ce
ramadan sonne comme en écho aux préparatifs de Noël qui constituent en général
l’actualité de cette période en France, mais nous sommes à mille lieux de tout
cela ! Nous pensons fêter Noël au Burkina, et espérons trouver d’autres
personnes pour se joindre à nous… contacts sur place bienvenus ! En attendant
bons préparatifs à tous, et mettez bien vos petites laines !
Guénaël

mardi, novembre 25, 2003

Newsletter 4 : Nouakchott - Sénégal

Nouakchott nous a fait une drôle d’impression. C’est une ville comme on n’en a jamais vu
auparavant. On a une impression de « pas fini » ! Et c’est peut-être le cas car cette ville n’est
sortie de sous les dunes que très récemment (1960). L’ambiance dans les rues est morte pendant
la journée et bruyante la nuit. Il faut dire aussi que nous sommes dans un contexte un peu
particulier : on est en plein ramadan et en pleine période de campagne électorale pour les
présidentielles. (Le président sortant a d’ailleurs été réélu : étonnant, non ?!) Toute la nuit, des
hauts parleurs crient des slogans politiques quand ce n’est pas le muezzin qui appelle à la prière !
Notre départ vers le Sénégal a été repoussé d’une journée car notre hôte à Nouakchott, Caroline,
coopérante chez CARITAS, nous a fait visiter le centre de formation et d’insertion
professionnelle tenu par cette ONG. Cette visite non programmée fut fort appréciable car nous
n’avions l’intention de visiter que des centres salésiens ; nous diversifions donc nos points de
vue. De plus CARITAS s’occupe d’une région du Sahel où des femmes puisent l’eau à la main
pour la culture et semble donc très intéressé pour développer notre système de pompage.
Puis direction Sénégal…Ce pays s’est offert à nous d’une façon fort désagréable ! Nous avons
franchi la frontière mauritano sénégalaise à Rosso au milieu d’une foule oppressante, de policiers
corrompus, de douaniers en quête d’euros, sous 45°… En étant Toubab (français), nous étions les
cibles de toutes les personnes cherchant le profit et comme on se sait jamais à qui faire confiance,
il est très difficile de s’en sortir à moindre coût !!
Le Sénégal nous dévoile ensuite des aspects beaucoup plus sympathiques !
Nous retrouvons tout d’abord de la verdure (chose que nous avions laissé il y a quelques temps
avant la Mauritanie). La brousse comme nous l’imaginions borde la route, avec de grands
baobabs, des zébus gardés par des enfants; des cases en paille séchée où s’abritent de nombreuses
familles wolofs (l’ethnie majoritaire ici)…
Notre première étape est Saint-Louis du Sénégal, ville très marquée par son passé colonial (elle a
été la capitale du Sénégal pendant de longues années mais à cause des risques de la guerre avec la
Mauritanie, ils ont préféré éloigner la capitale de la frontière et ainsi la mettre à Dakar). Saint-
Louis a 2 côtés : l’île magnifique avec de beaux bâtiments coloniaux malheureusement laissés
pour la plupart à l’abandon ; et l’intérieur des terres beaucoup plus pauvre, majoritairement
constitué de bidonvilles ! Et c’est là que nous nous faisons accueillir par une famille sénégalaise
pour la nuit. Nous pénétrons donc dans le quotidien de ces gens, chose que nous recherchions
par-dessus tout. Ici, la notion de famille est très large, ils sont tous cousins, frères... Avec les
jeunes, nous passons l’après-midi sur une plage de sable blanc, sous des paillotes traditionnelles
à faire griller du poisson sur un feu de bois, au son des djembés !! (petite pensée pour l’hiver
européen !!)
Dakar est une étape obligée pour nous à cause de quelques formalités mais nous aurions préféré
éviter cette grande ville oppressante ! Nous ne pouvons pas souffler une minute, il y a tout le
temps un Sénégalais pour vous vendre des pantalons, pour vous indiquer une rue quand vous
avez l’air d’errer, pour vous conduire à un hôtel où il touchera une commission…Nous sommes
choqués par ce nombre impressionnant d’enfants dans les rues qui demandent de l’argent. On
nous explique que se sont les talibés : des enfants laissés par leur parent à un marabout qui leur
enseigne le coran et les lâche dans la rue pour récupérer l’argent le soir ! C’est un véritable fléau
pour ce pays, mais les autorités ne font rien, les marabouts sont très puissants ici !
Thiès est une petite ville où nous sommes accueillis par la communauté Salésienne qui tient un
centre de formation technique en menuiserie, mécanique générale et électricité. Nous visitons
donc tous les ateliers, communiquons avec les professeurs sur les problèmes que nous notons tous
scrupuleusement. Notre présentation de la pompe est bien accueillie par les élèves qui y voient un
projet porteur ! La rencontre d’un des professeurs de mécanique nous marque : il s’agit de
François, un Sénégalais qui se consacre entièrement à ses élèves et dont son plus grand souhait
serait de se former en Europe. Contrairement à beaucoup de jeunes ici, il a compris que son rôle
était peut-être de se former chez nous mais de travailler dans son pays et non en Europe ! Nous
consacrons notre après-midi à le former sur un logiciel de CAO : il est comme un enfant devant
une console de jeu !!
Nous gagnons ensuite Tambacounda par une route que nous ne pouvons nommer ainsi ! C’est en
réalité un reste de bitume sur 400 km totalement défoncé ! Nous voilons une jante mais ce n’est
pas grave, nous commençons à avoir l’habitude de changer une roue! Nous mettons 7h pour faire
250km !! Nous croisons régulièrement ces camions bariolés qui servent de transports en
commun. On les appelle ici les « s’en fout la mort » et ils portent bien leur nom !
A Tambacounda, un centre salésien nous attend aussi. Il forme les enfants en électricité, tôlerie et
mécanique automobile. Ils nous font part de leurs besoins, de leurs manques… Nous répertorions
tout sur informatique pour notre base de données.
Nous pensions pouvoir embarquer dans le train pour Bamako avec la voiture sur une plate forme
mais le tout récent rachat de la compagnie par las Canadiens change la donne : nous devons
rejoindre la capitale Malienne par des pistes défoncées, des bouts de bitume et de la tôle ondulée
! Ce n’est pas pour nous réjouir mais tant pis !
Nous quittons ainsi le beau pays sénégalais avec ses habitants si souriants et si accueillants (sauf
à Dakar !) pour entrer dans les terres du Mali…
A suivre…
Fab

lundi, novembre 17, 2003

Newsletter 3 : Sahara Occidental – Nouakchott

La dernière fois, nous vous avions laissé à Marrakech…
Cela nous parait déjà bien loin tant nous avons accumulés les péripéties depuis…
Après Marrakech la rouge, nous passons juste une soirée à Essaouira la blanche… Un drôle de
concept nous attendait pour notre dîner : là-bas, on achète son poisson sur le marché et on le fait
griller par le cuisinier de la place ! Comme la route est longue, les kilomètres défilent à bon train,
ce qui nous amène à pénétrer sur le territoire du Sahara occidental. Le désert est là, sous nos
yeux. Bien que monotone, le paysage nous plait car il nous est peu familier.
La traversée du Sahara occidental aura été marquée par notre arrêt à Laayoune ou nous avons été
convié à prendre le thé par les gens devant chez qui nous nous étions garés. Le triple thé
traditionnel (dur comme la vie, puis sucré comme l’amour, et enfin doux comme la mort) s’est
vite transformé en véritable repas, tous assis en rond à tremper notre pain dans le tajine aux
boulettes de sardines… succulent ! Nous n’avons qu’entraperçu la dame de la maison, voilée,
apportant le plat, ne nous adressant pas la parole…
Nos hôtes nous permettent de comprendre la situation ambiguë du Sahara Occidental. Voilà ce
que nous en avons compris : ce territoire, colonie espagnole jusqu’en 1975, est depuis sous
domination marocaine.
En 1975, les affrontements éclatent alors que des familles commencent à migrer à Tindouf
(Algérie). En 1991, l’ONU intervient et met en place un cessez le feu visant à organiser un
référendum. L’armée saharienne se réfugie à son tour à Tindouf. Elle y est encore (depuis 12
ans) avec certaines familles qui patientent donc depuis 28 ans… Si l’ONU persiste dans son
immobilisme, la situation peut s’envenimer du jour au lendemain. Plus loin sur la route, nous
constaterons l’implantation de villages entièrement neufs perdus en plein désert… Il semblerait
que le Maroc tente de peupler le Sahara au maximum afin de remporter le très attendu
référendum, seul capable de débloquer la situation… d’où l’immobilisme de l’ONU ?!
Plusieurs jours nous seront nécessaires pour approcher la frontière mauritanienne. Nous testerons
successivement bivouac et hôtel local avec cafards de douches incorporés !...
70 kms avant de quitter la route goudronnée pour la piste cabossée, le roulement de la roue
arrière droite claque, la voiture devient dure à conduire et la roue sent le cramé. A faible allure,
nous poursuivons jusqu’à la dernière station service marocaine, à 10 km de là. Comment allons
nous faire ? Nous sommes à 300 km de Dakhla, la ville la plus proche, paumés au fond du
désert…
Ici, nous avons compris depuis longtemps que le Maroc était le pays du « Pas de problème, que
des solutions » Au fond du désert, la solidarité est tout de suite de mise. Nous rencontrons un
mécano de Dakhla à la station service, qui nous promet de revenir le lendemain matin avec un
roulement neuf…
19h00 le lendemain… tjs rien !... S’est-on fait berner? Notre pote arrivera finalement vers 21h00
! La pièce n’était pas disponible à Dakhla, il a du remonter la chercher à Laayoune, 600 km plus
haut, c'est-à-dire 1200 km A-R ! Ici, les notions de distance ne sont pas les mêmes que chez nous,
on comprend alors déjà pourquoi les notions de temps sont également différentes. Par précaution,
nous nous munissons d’ 1 roulement supplémentaire…
L’arrêt à la station nous permet de faire des rencontres. Nous reverrons presque toutes nos
connaissances par la suite, parfois dans les auberges, d’autres fois ensablés dans le désert, lieu
finalement assez mondain !... Nous sympathisons notamment avec 3 français saisonniers que
nous ne quitterons qu’à Nouakchott.
C’est parti ! Fini le bitume ! A nous le sable ! (Sansune certaine appréhension pour la Passat
inexorablement basse). Allez vous nous croire ? Nous progressons jusqu’à Nouadhibou sous une
pluie diluvienne !!! Nous bénissons le ciel d’avoir eu notre panne avant la piste et à l’abri !
Arrivée à Nouadhibou sous la flotte, rues inondées, contraste saisissant avec le Maroc, la plupart
des maisons sont des taudis.
Hésitant depuis longtemps entre 2 solutions : prendre le train minier ou la piste, nous sommes
rapidement fixés : pas de place pour la voiture dans le train avant 10 jours… Ce sera donc la piste
! A l’auberge ABBA, notre convoi finit de se former : Adriano et «Ian-Louc », 2 italiens
excellents qui nous mijoteront d’inimitables « pastas avec les sauces de la mama » ! et 4 autres
français qui nous quitterons à la première panne…
En piste ! Le périple s’annonce difficile à cause de la pluie qui a formé d’immenses flaques d’eau
dans le désert. Aucun 4x4 n’est arrivé à destination depuis 4 jours… Qu’en sera-t-il de notre
Passat ? Le sable est gorgé d’eau et on s’y enfonce plus facilement. Ouh la gadoue, la gadoue, la
gadoue !!!
L’une des nombreuses haltes sera la boutique du dsert… Echoppe paumée au milieu de nulle
part. Coca et denrées y sont disponibles. Les mauritaniens ne finiront jamais de nous surprendre !
A proximité, une immense flaque d’eau s’est formée pour la circonstance. Surprenons les à notre
tour… Une baignade en plein désert s’imposait !!!
Le convoi repart. Nous sommes comblés par le paysage dénudé et propice à la méditation. Nous
aurons d’ailleurs le temps de méditer, mais ça, nous ne le savons pas encore…
Au cours de la traversée, nous accumulerons les problèmes mécaniques : les italiens devront
retourner à Nouadhibou pour acheter un nouveau cardan. De notre côté, le roulement, de piètre
qualité (made in china!) cèdera encore 2 fois… La deuxième fois, nous sommes à mi-chemin.
200 km restent à faire pour atteindre Nouakchott. Guénaël part avec le reste du convoi en quête…
d’un bon roulement (made in Germany). Pendant ce temps, je reste avec Fabrice à méditer dans
le sable, livrés à nous même au fond du Sahara, sous la canicule, rationnant eau et nourriture en
cas d’attente prolongée. Nous prenons conscience de notre dépendance envers la mécanique…
C’est décidé, la prochaine fois, ça sera à dos de chameau… presque aussi rapide et plus sûr !
C’est bien fatigués que nous arrivons ce soir à Nouakchott. A cause des inondations et des pannes
successives, 5 jours auront été nécessaires pour parcourir les 380 Kms de désert… Que
d’aventures ! Prochaine étape : le Sénégal ou 2 centres techniques nous attendent.
Nico.
Consultez notre site: www.enquetedumonde.fr.st pour des photos