Newsletter 12: Thaïlande - Inde
En plus de notre voyage dans l'espace, notre esprit doit s'acclimater a un voyage dans le temps. Apres la campagne quasi moyenâgeuse du Cambodge, nous voila plongés dans la ville futuriste de Bangkok, ou même le calendrier thaï indique l'an 2547 !!
Cette ville semble avoir été conçue uniquement pour les voitures : les axes routiers sont sur 3 voir 4 niveaux, les avenues larges de 6 ou 8 voies les rendant pratiquement intraversables pour un piéton, les immenses buildings sortis de terre comme des mauvaises herbes mangent toute perspective. Nous trouverons quand même quelques quartiers « humains » comme Chinatown ou les boutiques d'or, les pharmacies traditionnelles et les échoppes de rues replacent l'homme au cour de la vie. Notre passage à Bangkok nous permettra de voir Jean-Baptiste, un ami de l'ENSAM en stage ici. Il nous trouvera un logement dans son building luxueux, nous épargnant ainsi le quartier routard ou s'agglutinent tous les blancs, gorgés de burgers et de bières, dans une bulle surréaliste qui aurait aussi bien sa place à Londres, à New York ou n'importe ou dans le monde.
Mais nous n'aurons de la Thaïlande malheureusement que cette image de Bangkok qui ne nous dévoilera pas ce que nous cherchions et que nous avions trouvé partout ailleurs : l'autochtone. Nous ne pouvons ainsi pas nous faire une idée de ce pays qui semble présenter un panel de paysages et de cultures impressionnant.
Et puis voila notre dernière étape, mais pas des moindres : l'Inde. Avant notre arrivée ici, tout le monde nous mettait en garde contre ce continent duquel on ne ressort jamais indifférent. Et bien là, nous allons nous en faire une idée par nos propres sens. Car nos 5 sens seront mis à contribution pour « goûter » à cette Inde si mystérieuse.
Calcutta l'Intouchable :
Tout d'abord notre corps est mis a rude épreuve par la chaleur accablante qui règne dès 7 heures du matin sur la ville. En milieu de journée, a l'heure où nos orteils chatouillent l'ombre de nos têtes, aucune action humaine n'est possible, pas même dormir. 1 litre d'eau bue est immédiatement 1 litre d'eau transpirée par tous les pores de notre peau.
Notre mental est également sollicité : les Indiens sont des gens très difficiles a cerner, lunatiques, sombres et pourtant paraissent pouvoir être très souriants et sympathiques. Mais la première approche reste dure.
Souvent ils nous donnent un regard interrogatif, nous fixent de la tête aux pieds, puis nous reprennent leur regard aussitôt. Ils nous accueillent a bras ouverts pour échanger un geste de cricket puis nous chassent 3 minutes après comme ils nous ont accueillis !? Peuple étrange qui nous obsède : nous pouvons les adorer et les détester aussitôt après !
Calcutta la Bruyante :
Le bruit est la, dans votre tête et résonne en vous dès que les premières âmes s'éveillent pour se calmer lorsque Calcutta s'endort. Le klaxon est de rigueur partout, en toute circonstance. Contrairement a notre pays ou il est interdit en agglomération, ici, il semble fortement conseillé voir obligatoire pour la survie de tous. Chacun y va du sien, même si pour notre mentalité d'occidentaux, il n'a vraiment pas lieu d'être. A cela se rajoutent les bruits communs a toutes les villes où la vie se déroule sur le trottoir : les marchands rameutent les clients, et nous sommes tirés, hélés par ceux qui vendent et mendient. Et quand on se retire dans le beau parc du Victoria Memorial, loin de la circulation, pensant être au calme, les cris lugubres des corbeaux prennent le relais.
Calcutta l'Epicée :
L'Inde demeure le pays de l'épice. Tout bon plat indien est relevé comme il se doit, souvent excellent, parfois trop épicé, il vous fait transpirer et seul un bon litre d'eau est efficace pour calmer le feu en bouche. Et un bon litre d'eau, ici ca se transpire !! Calcutta est également réputée pour ses pâtisseries qui accompagnent a merveilles le traditionnel « black tea » pour le petit déjeuner. Il nous est toutefois arrivé de nous faire avoir sur le goût : pensant prendre une bonne citronnade, nous voila avec un mélange sucré salé qui ressemble plus a un jus d'huître sucré amer qu'au jus espéré.
Calcutta l'odorante :
Il faut un peu de temps pour s'acclimater aux mélanges d'odeurs qui envahissent les rues. Le thé parfumé au gingembre, les relents d'ordures où se battent chiens galeux, vaches sacrés corbeaux lugubres et rats énormes, l'eau croupie du marigot, les fleurs destinées aux offrandes à Krishna et à Ganesh, les effluves d'épices fortes. toutes participent a cette sensation enivrante.
Calcutta la Misérable :
Tristement réputée pour sa misère omniprésente, la ville nous présente un tableau troublant. D'innombrables familles occupent les trottoirs de la ville a la recherche de quelques roupies pour nourrir leurs enfants. Combien d'orphelins grandissent dans cette ville sans l'ombre d'un avenir ? Combien de veuves mendient pour offrir le peu de riz a leurs enfants rongés par les problèmes de peau, de malnutrition ? Comme pour rappeler a ces gens qu'ils ne sont que dans la roue de la réincarnation et qu'après leur mort une nouvelle vie les attend, peut être la même, les corbeaux planent sur eux et les défient du regard. Un rickshaw (tireur à pieds de pousse-pousse) m'explique qu'il se retrouve dans la rue après avoir du payer les dotes de ses filles, restant ainsi propriétaire uniquement de son tissu lui servant de short, son tee-shirt troué, et de sa clochette de rickshaw. Ses pieds sont nus pour arpenter l'asphalte brûlant des rues, et son rickshaw est en location !! Et au milieu de la circulation folle de taxis Ambassadors jaunes et des vieux bus mi-acier mi-bois, de nombreux coolies tirent des chargements ultra-lourds, le nez irrité par les pots d'échappements, les oreilles meurtries par les klaxons.
Parmi cette triste misère ou de nombreux enfants grandissent dans la rue sans avenir, l'association Don Bosco ASHALAYAM aide ces enfants à retrouver un cadre familial et à suivre des études. Nous pensions travailler avec eux au sujet de la pompe mais leur section de menuiserie se révélera insuffisante pour ce travail. De plus, le problème de l'eau en Inde semble plus être un problème de qualité que d'approvisionnement. L'association nous sollicitera alors pour un travail d'animation dans différents foyers. Je vous parlerai donc du centre ou j'ai passe près de 3 semaines : Asha Deep (le foyer de l'espoir).
Dans ces 40m2, le foyer regroupe 13 enfants de 3 a 9 ans qui suivent des cours de Bengali, de maths, et d'anglais pour revenir a un niveau correct leur permettant d'intégrer une école gouvernementale. L'équipe responsable se compose de 2 jeunes de 18 ans, eux-mêmes issus du même foyer, qui vivent avec eux 24h sur 24 !! et d'une jeune de 23 ans qui vient tous les jours pour donner des cours et aider aux taches ménagères. Je dis « aider » car ces enfants gèrent leur maison d'une façon hallucinante : ils préparent les repas, lavent leurs couverts (qui se réduisent a une assiette car ici on mange avec la main), et leurs vêtements et tous les matins au réveil, grand nettoyage de la maison. A 18 ans, les 2 jeunes tiennent remarquablement le rôle de « parents » et étudient dans le même temps. Peut être par reconnaissance, sûrement par amour, ils veillent à tout, se privant à leur tour de beaucoup de choses pour donner un maximum aux enfants.
Pendant ce temps, Nicolas et Guénaël occupent des jeunes de différents âges durant les vacances scolaires et, au moment de la reprise des cours, vont apporter leur aide aux foyers de Mère Teresa ou de nombreux volontaires de tous pays participent comme ils peuvent, ne serait ce que pour 1 ou 2 jours, a l'action de ces sours.
Nous clôturons notre séjour avec Calcutta ainsi qu'avec Ashalayam avec le camp d'été des plus jeunes : 250 enfants de 3 a 12 sont réunis dans une école Don Bosco avec un grand parc pour 4 jours de pure détente, de compétition de sports, de danses, de chants. Nous aidons le staff Indien à orchestrer tout cela mais il semble plus que rodé dans ce genre de discipline ! L'organisation est remarquable, les enfants aux anges, et nous ravis également ! Encore une fois, nous apprendrons plus que ce que nous pourrons leur apporter ! Ces enfants ont une telle vivacité, de belles amitiés entre eux, un sens des responsabilités.
Nous quittons ainsi la fièvre de Calcutta, ravis d'avoir abordé cette cité mystérieuse, mais pas mécontents de quitter cette fièvre oppressante. Même si le temps semble s'être arrêté depuis le départ des Anglais, cette ville parait en pleine effervescence. Surtout que nous sommes arrivés lors des élections les plus importantes du pays: celles du Premier Ministre. En Inde, la plus grande démocratie du monde, les élections ne passent pas inaperçues.
Tous les murs sont criblés de signes politiques (la faucille et le marteau du parti communiste qui règne sur le Bengale Occidental depuis 28 ans, la main du parti du Congrès dirigé par Sonia Gandhi.). Avant les élections les rues s'animent de manifestations, des voitures drapées des différentes couleurs.puis le jour du scrutin, il est conseillé de ne pas sortir et Calcutta reste une ville morte ! Mais le séisme qui suivra réveillera l'Inde : Sonia Gandhi élue « Prime Minister » refuse le poste pour des raisons de sécurité. Sa double nationalité Italo Indienne a déjà suscité des émeutes qu'elle ne veut assumer, surtout que de nombreux membres de sa famille ont
deja perdu la vie pour des raisons politiques.
Pour nous, Calcutta restera une ville vivante, au sens vraie du terme, et il est vrai que nous n'en sortons pas indifférents ! La mousson nous rattrape, nous filons alors vers le nord et l'est pour garder le beau temps. Nous vous retrouverons pour la suite et fin de notre périple vers la fin juin.
Fabrice
Vous pouvez nous retrouver sur notre site internet :
www.enquetedumonde.fr.st
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