mardi, décembre 30, 2003

Newsletter 6 : Décembre 2003

Newsletter 6 : Décembre 2003
Les dernières nouvelles nous avaient laissés au Mali, étape importante de
notre périple avec l’implantation de notre pompe à côté de Bamako. Nous ne
pouvions quitter le Mali sans faire un détour au pays dogon, avant de
continuer notre mission. C’est ce que nous avons fait, enfin en partie… La
veille de notre départ, nous nous sommes en effet rendus au concert du célèbre
Tiken Jah Fakoly, l’idole des jeunes africains, au cours duquel Fabrice s’est
fait voler son passeport. Petit contretemps ! Au passage, nous aurons goûté à
l’ambiance des concerts africains où la foule s’amuse plus à narguer et fuir
devant les forces de l’ordre munies de matraques qu’à réellement suivre le
concert. Que le lecteur se rassure, ce jeu n’est jamais bien méchant, juste
impressionnant ! Finalement, Fabrice prolongera son séjour à Bamako, tandis
que Guénaël et moi prendront la route de Mopti, avides de découvrir le monde
des dogons, dont les traditions sont restées intactes jusqu’à nos jours. Le
peuple dogon est installé au flanc de la falaise de Bandiagara où il a
construit ses habitats et greniers dans la roche. Points de vue superbes,
véritable identité culturelle, croyances fortes rythmant le quotidien et
matérialisées dans chaque recoin du village où rien n’est laissé au hasard. Au
cours d’un trekking de 2 jours, nous nous imprégnons de cette magie, hélas
trop courte car nous devons vite prendre la route du Burkina avant la date
d’expiration de nos visas.
Au Burkina, c’est une fois de plus la communauté salésienne de Bobo Dioulasso
qui est notre point de chute. Comme toujours, l’accueil est chaleureux et
notre échange avec ce centre sera fructueux. En plus de la visite habituelle,
les pères et les professeurs ont été heureux d’avoir notre opinion sur la
gestion du centre par rapport à ce que nous avions vu ailleurs. En deuil et un
peu désemparé suite à la mort récente du frère responsable technique, père
Carlos est depuis peu à la direction du centre.
Nous leur avons rendu compte des bonnes idées rencontrées un peu partout dans
les autres centres, leur laissant le soin de juger de leur adaptation au
contexte local. Bobo fut aussi l’occasion de découvrir quelques beautés
remarquables de la région : promenade en mobylettes dans les villages
construits en banco (terre séchées et paille), sacrifices de poulets à la mare
aux poissons sacrés (d’énormes poissons gloutons) suivant les rites mossi
traditionnels, promenades en sous-bois protégés où l’on se croirait en pleine
forêt vierge. Mais notre découverte du pays ne s’est pas limitée aux simples
aspects pittoresques... Grâce à Yacou, professeur du centre, nous avons pu
assister aux présélections des meilleurs groupes de danse de la région. Les
burkinabés sont réputés pour leurs dons de musiciens danseurs.
Nous n’avons pas été déçus, comblés par une soirée où danses tribales et
contemporaines se sont succédées au son des djembés, balafons et coras.
D’ailleurs, le groupe de Yacou est arrivé premier ! Chapeau à ces jeunes
artistes très créatifs et prometteurs !
Déjà notre séjour à Bobo devait toucher à sa fin. Une fois de plus, nous
quittons ces êtres avec qui nous avions entamés des rapports si touchants.
Il faut aller de l’avant… Sur la route de Ouaga, une halte à Boromo, havre de
paix au sein d’un parc naturel laissait présager que nous puissions voir des
éléphants. Ce ne fut pas le cas, faute d’être venus à la bonne saison.
En tous cas, au moins un endroit paradisiaque de plus dans notre capital
souvenir !
Ouaga la grande nous attend et c’est chez Louis, ami d’un ami que nous
trouverons refuge pendant notre séjour à la capitale. Très vite, Louis nous
présente à son cercle d’amis burkinabés et expats, avec lesquels nous
passerons de très bons moments. Comme Noël approche à grands pas, tandis que
nos soirées se passent entre jeunes dans les maquis, nous consacrons nos
journées au programme tantôt prévu par notre projet tantôt à l’affût des
bonnes opportunités avant que tout ne soit fermé pendant les congés.
Rencontres intéressantes… religieux fabriquant des pompes, attachés
d’ambassade et de ministères, société de forage, ex-ministre de l’eau, ONG
d’irrigation villageoise… nous permettent de nous faire une idée de la
problématique de l’approvisionnement en eau au Burkina. Ibrahima Bara, quant à
lui est le jeune directeur d’un centre technique qu’il a créé seul. Le centre
ETEMAFE fonctionne aujourd’hui en totale autonomie financière, ce qui est
vraiment remarquable. Ibrahima a voulu croire en ses rêves, ne s’est pas
laissé décourager par les pessimistes et a tout simplement osé dès la fin de
ses études. « La chance sourit aux audacieux », c’est en ces termes que l’on
peut résumer et expliquer la complicité que nous avons eus, nous sentant sur
la même longueur d’onde que lui.
Très vite, Noël nous a surpris avant même que nous ayons eu le temps de nous
rendre compte qu’il approchait. Il faut dire que le contexte ne nous y a pas
aidé. Canicule, (du moins pour nous : les africains sortent anorak, écharpes
et bonnets tandis que nous gardons nos tenues estivales !). Seuls les quelques
marchands ambulants aux bonnets de père noël, les quelques guirlandes
lumineuses, « crèches kitches» en vente dans les rues et les chants de Noël
criards diffusés en boucle par les chauffeurs de taxis nous ont permis de
comprendre que le 25 décembre était bel et bien là ! A cette occasion, Louis
nous avait laissé sa maison pour que nous puissions passer la veillée de Noël
tous les trois autour d’un bon repas, retour aux saveurs festives françaises
pour un soir. Le lendemain, Nadine, burkinabè, nous avait convié à passer
l’après midi avec sa famille. Sa mère Henriette, que nous connaissions déjà et
qui a une forme d’enfer nous a réservé un accueil chaleureux, mettant
l’ambiance en dansant et chantant au son de la guitare.
La maison a été toute l’après midi le lieu d’allers et venues, de la part de
voisins, collègues de travail, amis, famille élargie, allant de maison en
maison souhaiter un joyeux Noël à leurs frères.
Nous avions prévu une grosse expédition entre Noël et le jour de l’an. Pour se
rapprocher des gens, le mieux est peut être de vivre avec leurs moyens… Petits
baluchons sur nos porte-bagages, c’est à vélo que nous avons passé ces 2 jours
inoubliables en brousse. Le soir, nous n’avons eu aucun mal à trouver gîte
chez Ousmane, instituteur du village de Tabtenga, insistant pour nous
recevoir. La visite au chef du village s’imposait, avec le rituel de bienvenue
: une calebasse d’eau puis de dolo (bière de mil) circulant de mains en mains
: les nôtres, celle de notre hôte, du chef et tous les sages du village venus
en renfort à l’annonce de notre arrivée. Accueillis comme des rois, nous avons
compris que tous les sacrifices étaient de rigueur pour permettre à l’étranger
d’être repu et de passer une bonne nuit au village, tant honoré par notre
présence. Quelle touchante expérience et quelle leçon pour nous, au sens de
l’accueil loin d’être si développé. Notre seconde pompe en bois arrivant par
avion le 28 au soir, nous n’avons pu prolonger notre « bicyclettade » à la
grande joie de nos montures locales qui n’auraient certainement pas tenu
encore longtemps !
Voilà ! Chers lecteurs, vous qui suivez notre parcours et qui nous témoignez
votre soutien par tant de mots de sympathie, c’est à notre tour de vous
remercier et de vous souhaiter nos meilleurs vœux pour 2004 ! Cette année sera
certainement parmi les plus belles de notre vie, souvent grâce à vous.
Nous vous souhaitons donc autant de bonheur dans vos familles et votre
quotidien.
Bonnes fêtes de fin d’année. Vous nous retrouverez la prochaine fois au Togo,
notre Passat chargée d’une nouvelle pompe …
Nicolas.