Newsletter 7 : Togo – Bénin
Début janvier, notre périple entame sa dernière partie africaine avec le Togo
et le Bénin. 2 pays qui vont nous permettre, par leur proximité et leur taille
réduite, de les parcourir en large et en travers, en passant de l’un à l’autre
plusieurs fois pour optimiser nos visites de centres.
Nous faisons une première halte dans la ville de Cinkassé, moitié burkinabé,
moitié togolaise, presque ghanéenne, chez des pères…espagnols ! Nous en
profitons pour visiter leur ferme expérimentale et leur présenter notre pompe
à eau, toujours dans un but de diffusion le plus large possible.
Cinkassé, se trouve au carrefour des nombreux échanges commerciaux entre les
différents pays et paradoxalement, les étalages du marché restent vides ! La
pauvreté du Togo commence à nous montrer quelques facettes que nous n’avions
pas rencontrées dans les autres pays. Mais grâce à une extraordinaire joie de
vivre, les Togolais cachent leurs difficiles conditions de vie sous d’immenses
sourires aux dents blanches !
Le paysage est grandiose : les vastes étendues planes du Burkina ont laissé la
place à des montagnes plus ou moins arides. La route chemine au coeur de la
vallée, d’immenses baobabs abritent de leur ombre si chère, quelques cases
traditionnelles entourées de champs d’ignames. Le tout est baigné dans une
lumière rouge, due à l’harmattan, vent qui soulève la poussière. Une des
contradictions du Togo est le parc de la Kéran, déserté par les animaux. Les
véhicules devaient jusqu’à il y a quelques années, le traverser à 50km/h
exactement, pas plus, pas moins ! Un billet remis à l’entrée indiquait l’heure
et un poste à la sortie vérifiait que l’heure d’arrivée correspondait bien !!
Il valait mieux éviter de tomber en panne ou de crever !
Nous atteignons la ville de Kara, où nous allons passer une semaine au centre
de formation salésien pour leur enseigner le mécanisme de pompe et étudier les
possibilités de partenariats avec l’ENSAM. Cette semaine fut pour nous
l’occasion de faire travailler les élèves sur la lecture de plans, la
manipulation de divers outils… (la pompe semble être un très bon outil
pédagogique), et de former entièrement les professeurs et 2 artisans
menuisiers à la réalisation et à l’installation de la pompe. Le Père Pépé, le
plus technicien d’entre tous, a tout de suite compris le système ainsi que sa
philosophie, ce qui nous a été d’un grand secours. De surcroît, il a semblé
fort intéressé par la venue d’un élève de notre école pour un stage au sein du
centre de formation car il a plusieurs idées en tête… à suivre.
Un grand merci à la communauté salésienne de Kara pour leur accueil si
chaleureux et amical.
En plus de la formation que nous leur avons donnée, notre contact avec les
élèves a été marqué par plusieurs visites : leurs familles et des groupements
d’artisans en brousse, des cascades presque à sec, les tatas sambas : cases
fortifiées construites en banco, protections efficaces contre les tribus
voisines et l’envahisseur allemand à la fin du XIXe siècle.
Une 2° contradiction de l’Afrique est là, à l’entré de la ville de Kara :
une caserne de pompiers financée par les Américains. Le seul problème est que
les Togolais n’ont pas de pompiers, ils ne savent même pas ce que c’est !!!
Mais les bailleurs de fonds voulaient une caserne, ils l’ont eu et elle est
belle. Vide, mais belle !
La fête nationale du 13 janvier est en réalité l’anniversaire de la prise du
pouvoir de l’actuel « président » Etienne Gnassingbé Eyadema, depuis…1967!!!
Elèves, professeurs, associations, fonctionnaires, femmes de fonctionnaires…
en uniforme ou endimanchés dans de beaux pagnes, tout le monde est «
cordialement invité » pour défiler au son de la musique militaire, et il est
très mal vu de refuser cette « invitation » ! Peut être en remerciement de ce
qu’a fait pour eux « Papa Eyadema » ? , sûrement par goût de la fête, les
Togolais montrent une joie de vivre et un sens de la danse assez remarquable,
pour notre plus grand bonheur !
Après une semaine très agréable à Kara, nous continuons notre descente vers le
sud par les routes béninoises, réputées en meilleur état. Le paysage est quasi
identique. Les grandes feuilles de teck qui bordent la route semblent mortes
car elles sont recouvertes d’une épaisse couche de poussière rouge, soulevée
par le vent et les véhicules. Le coton échappé des camions brinquebalants
délimitent la voie et remplacent ainsi les bandes blanches !
Les enfants en short et pieds nus nous courent après en chantant sans cesse
: « Yovo, Yovo, bonsoir, ça va, ça va, merci ! » (Yovo = Blanc en fon).
Une halte à Parakou nous permet de préparer notre futur passage dans le centre
de formation avec les dirigeants et les professeurs.
Une halte à Savé nous permet l’ascension des « Mamelles » : montagnes en forme
de…mamelles, dites sacrées par les autochtones ! A part une sacrée montée,
nous n’avons rien remarqué de mystique ! Au retour de notre ascension, repas
avec Sarah, une Américaine en mission sur place. Au menu, foufou (igname frit
puis pillé) à la sauce pimentée, et pour digérer, nous goûtons l’alcool
traditionnel du Bénin : le sodabi : vin de palme à environ 60° !
Plus nous descendons vers le sud du pays, et plus l’atmosphère chargée
d’humidité rend a chaleur moite et désagréable. Le pire est donc à prévoir à
Cotonou et à Lomé, villes côtières.
Notre travail reprend à Ouessé, village de 6000 âmes où nous attend Laurent
Houngla, le maire du village, pour étudier la possibilité d’implanter une
pompe dans un puits d’eau pour la lessive afin d’économiser le puits d’eau
potable. Malheureusement, la région est privée de vent la plupart du temps et
l’endroit même du puits est encore plus à couvert ! Notre mission sur place
est soutenue par Aurélien Olissan, président d’Inter Développement Afrique qui
nous a rejoint de Cotonou. Notre présence dans ce village se fait vite
remarquer, les enfants accourent de partout pour serrer la main des Yovos !
Nous sommes les invités d’honneur d’un concert donné sous l’arbre du village
par une star nationale (et même internationale parait-il
!) : le Roi Allokpon, après avoir eu la chance de déjeuner chez lui au milieu
d’une vingtaine de villageois. Pendant les chants dont nous ne comprenons pas
les paroles moralisatrices, les femmes et fillettes se succèdent dans des
danses traditionnelles très rythmées.
Après ce passage en brousse très appréciable, nous plongeons dans la
pollution, la grisaille et l’humidité de Cotonou. Toujours épaulé et guidé par
notre protecteur Aurélien Olissan, nous commençons à nous imprégner de cette
ville qui semble pourtant inextricable. Il ne nous reste plus qu’un mois sur
la terre africaine, mais quel mois ! Notre programme est chargé, et la Coupe
d’Afrique des Nations vient de débuter ! Avec la participation des Béninois à
cette compétition et l’amour de ce peuple pour le foot, ce mois promet d’être
mouvementé !
Fab