lundi, mai 31, 2004

Newsletter 12: Thaïlande - Inde

En plus de notre voyage dans l'espace, notre esprit doit s'acclimater a un voyage dans le temps. Apres la campagne quasi moyenâgeuse du Cambodge, nous voila plongés dans la ville futuriste de Bangkok, ou même le calendrier thaï indique l'an 2547 !!

Cette ville semble avoir été conçue uniquement pour les voitures : les axes routiers sont sur 3 voir 4 niveaux, les avenues larges de 6 ou 8 voies les rendant pratiquement intraversables pour un piéton, les immenses buildings sortis de terre comme des mauvaises herbes mangent toute perspective. Nous trouverons quand même quelques quartiers « humains » comme Chinatown ou les boutiques d'or, les pharmacies traditionnelles et les échoppes de rues replacent l'homme au cour de la vie. Notre passage à Bangkok nous permettra de voir Jean-Baptiste, un ami de l'ENSAM en stage ici. Il nous trouvera un logement dans son building luxueux, nous épargnant ainsi le quartier routard ou s'agglutinent tous les blancs, gorgés de burgers et de bières, dans une bulle surréaliste qui aurait aussi bien sa place à Londres, à New York ou n'importe ou dans le monde.

Mais nous n'aurons de la Thaïlande malheureusement que cette image de Bangkok qui ne nous dévoilera pas ce que nous cherchions et que nous avions trouvé partout ailleurs : l'autochtone. Nous ne pouvons ainsi pas nous faire une idée de ce pays qui semble présenter un panel de paysages et de cultures impressionnant.

Et puis voila notre dernière étape, mais pas des moindres : l'Inde. Avant notre arrivée ici, tout le monde nous mettait en garde contre ce continent duquel on ne ressort jamais indifférent. Et bien là, nous allons nous en faire une idée par nos propres sens. Car nos 5 sens seront mis à contribution pour « goûter » à cette Inde si mystérieuse.

Calcutta l'Intouchable :
Tout d'abord notre corps est mis a rude épreuve par la chaleur accablante qui règne dès 7 heures du matin sur la ville. En milieu de journée, a l'heure où nos orteils chatouillent l'ombre de nos têtes, aucune action humaine n'est possible, pas même dormir. 1 litre d'eau bue est immédiatement 1 litre d'eau transpirée par tous les pores de notre peau.
Notre mental est également sollicité : les Indiens sont des gens très difficiles a cerner, lunatiques, sombres et pourtant paraissent pouvoir être très souriants et sympathiques. Mais la première approche reste dure.
Souvent ils nous donnent un regard interrogatif, nous fixent de la tête aux pieds, puis nous reprennent leur regard aussitôt. Ils nous accueillent a bras ouverts pour échanger un geste de cricket puis nous chassent 3 minutes après comme ils nous ont accueillis !? Peuple étrange qui nous obsède : nous pouvons les adorer et les détester aussitôt après !

Calcutta la Bruyante :
Le bruit est la, dans votre tête et résonne en vous dès que les premières âmes s'éveillent pour se calmer lorsque Calcutta s'endort. Le klaxon est de rigueur partout, en toute circonstance. Contrairement a notre pays ou il est interdit en agglomération, ici, il semble fortement conseillé voir obligatoire pour la survie de tous. Chacun y va du sien, même si pour notre mentalité d'occidentaux, il n'a vraiment pas lieu d'être. A cela se rajoutent les bruits communs a toutes les villes où la vie se déroule sur le trottoir : les marchands rameutent les clients, et nous sommes tirés, hélés par ceux qui vendent et mendient. Et quand on se retire dans le beau parc du Victoria Memorial, loin de la circulation, pensant être au calme, les cris lugubres des corbeaux prennent le relais.

Calcutta l'Epicée :
L'Inde demeure le pays de l'épice. Tout bon plat indien est relevé comme il se doit, souvent excellent, parfois trop épicé, il vous fait transpirer et seul un bon litre d'eau est efficace pour calmer le feu en bouche. Et un bon litre d'eau, ici ca se transpire !! Calcutta est également réputée pour ses pâtisseries qui accompagnent a merveilles le traditionnel « black tea » pour le petit déjeuner. Il nous est toutefois arrivé de nous faire avoir sur le goût : pensant prendre une bonne citronnade, nous voila avec un mélange sucré salé qui ressemble plus a un jus d'huître sucré amer qu'au jus espéré.

Calcutta l'odorante :
Il faut un peu de temps pour s'acclimater aux mélanges d'odeurs qui envahissent les rues. Le thé parfumé au gingembre, les relents d'ordures où se battent chiens galeux, vaches sacrés corbeaux lugubres et rats énormes, l'eau croupie du marigot, les fleurs destinées aux offrandes à Krishna et à Ganesh, les effluves d'épices fortes. toutes participent a cette sensation enivrante.

Calcutta la Misérable :
Tristement réputée pour sa misère omniprésente, la ville nous présente un tableau troublant. D'innombrables familles occupent les trottoirs de la ville a la recherche de quelques roupies pour nourrir leurs enfants. Combien d'orphelins grandissent dans cette ville sans l'ombre d'un avenir ? Combien de veuves mendient pour offrir le peu de riz a leurs enfants rongés par les problèmes de peau, de malnutrition ? Comme pour rappeler a ces gens qu'ils ne sont que dans la roue de la réincarnation et qu'après leur mort une nouvelle vie les attend, peut être la même, les corbeaux planent sur eux et les défient du regard. Un rickshaw (tireur à pieds de pousse-pousse) m'explique qu'il se retrouve dans la rue après avoir du payer les dotes de ses filles, restant ainsi propriétaire uniquement de son tissu lui servant de short, son tee-shirt troué, et de sa clochette de rickshaw. Ses pieds sont nus pour arpenter l'asphalte brûlant des rues, et son rickshaw est en location !! Et au milieu de la circulation folle de taxis Ambassadors jaunes et des vieux bus mi-acier mi-bois, de nombreux coolies tirent des chargements ultra-lourds, le nez irrité par les pots d'échappements, les oreilles meurtries par les klaxons.

Parmi cette triste misère ou de nombreux enfants grandissent dans la rue sans avenir, l'association Don Bosco ASHALAYAM aide ces enfants à retrouver un cadre familial et à suivre des études. Nous pensions travailler avec eux au sujet de la pompe mais leur section de menuiserie se révélera insuffisante pour ce travail. De plus, le problème de l'eau en Inde semble plus être un problème de qualité que d'approvisionnement. L'association nous sollicitera alors pour un travail d'animation dans différents foyers. Je vous parlerai donc du centre ou j'ai passe près de 3 semaines : Asha Deep (le foyer de l'espoir).

Dans ces 40m2, le foyer regroupe 13 enfants de 3 a 9 ans qui suivent des cours de Bengali, de maths, et d'anglais pour revenir a un niveau correct leur permettant d'intégrer une école gouvernementale. L'équipe responsable se compose de 2 jeunes de 18 ans, eux-mêmes issus du même foyer, qui vivent avec eux 24h sur 24 !! et d'une jeune de 23 ans qui vient tous les jours pour donner des cours et aider aux taches ménagères. Je dis « aider » car ces enfants gèrent leur maison d'une façon hallucinante : ils préparent les repas, lavent leurs couverts (qui se réduisent a une assiette car ici on mange avec la main), et leurs vêtements et tous les matins au réveil, grand nettoyage de la maison. A 18 ans, les 2 jeunes tiennent remarquablement le rôle de « parents » et étudient dans le même temps. Peut être par reconnaissance, sûrement par amour, ils veillent à tout, se privant à leur tour de beaucoup de choses pour donner un maximum aux enfants.
Pendant ce temps, Nicolas et Guénaël occupent des jeunes de différents âges durant les vacances scolaires et, au moment de la reprise des cours, vont apporter leur aide aux foyers de Mère Teresa ou de nombreux volontaires de tous pays participent comme ils peuvent, ne serait ce que pour 1 ou 2 jours, a l'action de ces sours.

Nous clôturons notre séjour avec Calcutta ainsi qu'avec Ashalayam avec le camp d'été des plus jeunes : 250 enfants de 3 a 12 sont réunis dans une école Don Bosco avec un grand parc pour 4 jours de pure détente, de compétition de sports, de danses, de chants. Nous aidons le staff Indien à orchestrer tout cela mais il semble plus que rodé dans ce genre de discipline ! L'organisation est remarquable, les enfants aux anges, et nous ravis également ! Encore une fois, nous apprendrons plus que ce que nous pourrons leur apporter ! Ces enfants ont une telle vivacité, de belles amitiés entre eux, un sens des responsabilités.

Nous quittons ainsi la fièvre de Calcutta, ravis d'avoir abordé cette cité mystérieuse, mais pas mécontents de quitter cette fièvre oppressante. Même si le temps semble s'être arrêté depuis le départ des Anglais, cette ville parait en pleine effervescence. Surtout que nous sommes arrivés lors des élections les plus importantes du pays: celles du Premier Ministre. En Inde, la plus grande démocratie du monde, les élections ne passent pas inaperçues.
Tous les murs sont criblés de signes politiques (la faucille et le marteau du parti communiste qui règne sur le Bengale Occidental depuis 28 ans, la main du parti du Congrès dirigé par Sonia Gandhi.). Avant les élections les rues s'animent de manifestations, des voitures drapées des différentes couleurs.puis le jour du scrutin, il est conseillé de ne pas sortir et Calcutta reste une ville morte ! Mais le séisme qui suivra réveillera l'Inde : Sonia Gandhi élue « Prime Minister » refuse le poste pour des raisons de sécurité. Sa double nationalité Italo Indienne a déjà suscité des émeutes qu'elle ne veut assumer, surtout que de nombreux membres de sa famille ont
deja perdu la vie pour des raisons politiques.

Pour nous, Calcutta restera une ville vivante, au sens vraie du terme, et il est vrai que nous n'en sortons pas indifférents ! La mousson nous rattrape, nous filons alors vers le nord et l'est pour garder le beau temps. Nous vous retrouverons pour la suite et fin de notre périple vers la fin juin.

Fabrice

Vous pouvez nous retrouver sur notre site internet :
www.enquetedumonde.fr.st

dimanche, mai 09, 2004

Newsletter 11 : Le Cambodge.

Lourde tache qui m'incombe de vous parler ce mois-ci de nos trois dernières semaines passées au Cambodge, tant chaque journée a été chargée d’événements, de rencontres et de découvertes dont je ne peux malheureusement vous retranscrire l'intégralité. Nous sommes restes sous le charme d’un peuple khmer sympathique.

Dans mon esprit, Cambodge et Vietnam, tous deux ex-Indochine française, étaient deux peuples a peu près similaires. Des le passage de la frontière je compris qu il n en étaient rien, et que chacun avait une identité forte. D'abord physiquement, le type khmer est beaucoup moins asiatique:
Peau très matte, yeux moins brides et maxillaire large, qui explique certainement la sympathie qu on éprouve pour ce peuple, aux visage dotes de sourires remontant jusqu aux oreilles. Ensuite culturellement: si l'héritage du faste empire angkorien est maigre, cette période fait partie intégrante de l'identité du peuple khmer, qui se rattache a ses temples comme a la seule bouée de sauvetage culturelle qu'il lui reste après le naufrage des années 70, marque d'autodafés, pillage et destruction de toute forme d'émancipation intellectuelle.
Enfin différence de mentalité, et contraste du point de vue de l'aménagement du territoire : Souvent, au détour d’une piste de terre, à l'attitude de tel khmer, au fou rire pris devant telle situation cocasse nous avons retrouve un semblant d'Afrique: pointe de nostalgie en tête et bonheur de retrouver cette spontanéité et cette simplicité de chaque moment « Ad Pania ! Ad Pania ! », entendrons nous bien souvent. « pas de problème, pas de problème !»

Au Cambodge, nous poursuivons notre mission et avons la chance de visiter plusieurs associations, de rencontrer des interlocuteurs privilégies, nous faisant pénétrer au coeur de la vie cambodgienne. Certains d'entre vous connaissent peut être déjà Pour un Sourire d'Enfant ? Cette ONG a été crée par un couple français, qui du jour au lendemain a tout quitte pour aller s'établir a proximité de la décharge de Phnom Penh. La de jour comme de nuit des milliers de famille, d'enfants, ramassent des ordures qu'ils revendront pour 2 sous, au péril de leur vie, exposes aux bulldozers qui remuent ces immondices fumantes et toxiques, dans des conditions révoltantes.
En 8 ans, déjà 3000 enfants ont été sortis de cet enfer et scolarises, a travers un programme ou tout semble avoir été pense pour palier aux manques ainsi endures par les familles. En traversant la cour, on est forcement ému de voir tous ces sourires de marmots, propres dans leurs tenues d'école, alors que fume encore au loin ce qui étaient jadis la seule vision qu'ils avaient du monde.

Au Cambodge, deux amis français, nous rejoignent. Elisabeth ne pourra rester qu'une semaine. Mais Bertrand, également gadzarts à l'ENSAM, viendra compléter notre trio, enquêtera à nos cotes durant notre étape cambodgienne!
Mais voila qu'arrive le Nouvel An Khmer: Tout va fermer pendant une semaine complète. Nous sommes « condamnes à prendre des vacances ». Cette semaine va être l'occasion de visiter les célèbres temples d'Angkor mais aussi la cote cambodgienne en nous rendant au port de ihanoukville. Par chance, l'oncle de Bertrand est en ce moment même au Cambodge et accepte de nous guider, en nous faisant partager son expérience du pays et sa connaissance de la culture khmère.
Alain a été intervenant pendant plusieurs années à l'école de pêche de Krousar Thmey. Aujourd'hui il est président de la branche française de cette association, née en recueillant les orphelins restant dans les camps de réfugies qui ont suivis la chute du régime khmer rouge. Outre les orphelinats, l'association oeuvre également aujourd'hui pour les sourds, muets et aveugles, ainsi que pour les enfants des rues, auxquels elle propose de rejoindre de vraies structures familiales. A Sihanoukville, nous verrons donc l'école de formation de pécheurs, construites au bout d'une longue digue paradisiaque, ou le vent marin vous tonifie et l'eau turquoise vous nargue de tous cotes ! A 17h00, c'est le départ des bateaux vers le large. Aucun d'entre eux n'est immatricule cela reviendrait trop cher. Du coup, il faut payer une amende quotidienne au garde cote, qui finit a coups surs dans sa poche.

Cet exemple est à l'image du fonctionnement de l'économie du pays. La corruption est bien présente, comme partout, a la seule différence qu'on la pratique ici de manière très ouverte. Ni le secrétaire d'Etat avec ses 300 $ par mois, ni le policier avec son fixe de 40 $, ni l'enseignant ne se contentent de ce qui ne leur suffit plus à vivre. Régulièrement, le bus qui nous transporte ralentit, s'arrête a peine devant le flic poste en continu au pied de son arbre, tout juste le temps de glisser un droit de péage et c'est reparti, en trombe bien entendu !... klaxon enfonce s'il vous plait !!!

Cette situation et ces abus ne peuvent guère être endigues quand on sait par exemple que le pays flotte depuis 10 mois déjà, sans gouvernement ! La constitution du pays, établie à la chute des khmers rouges, impose en effet qu'un parti soit majoritaire aux 2/3 pour aspirer au pouvoir. Ce qui semble difficile à obtenir en pratique.

Pour nous rendre a Siem Reap, 2nde ville du pays, en pleine expansion grâce à la manne touristique que représente le site d'Angkor nous optons pour le bateau. Nous voila donc remontant le Tonle Sap, ce fleuve qui se jette dans le Mékong en aval, et n'est autre que la continuation du lac qui porte le même nom en amont. Cours d'eau aux rives verdoyantes, sauvage et clairsemées d'habitations typiquement cambodgienne. Ces véritables chalets de bois sur pilotis rappellent que pendant de longs mois, le Cambodge est sous les eaux.
A la saison sèche, on en profite pour tendre des hamacs entre les pilotis, et l'on vit la, au frais, à l'ombre de sa demeure. Cette alternance du niveau de l'eau du lac (qui voit sa superficie sextupler en saison des pluies !) provoque un phénomène unique au monde¦ Le Tonle Sap est le seul fleuve au monde dont le cours change de sens au cours de l'année !!!! A cette occasion, une grande fête traditionnelle est donnée. On tend un ruban au dessus de l'extraordinaire rivière, et la légende veut que lorsque le roi rompt le fil, le cours s'inverse !

Notre « torpilleur » trouble le calme du fleuve, croisant de-ci une embarcation dirigée noblement par un rameur debout, de-la un enfant se baignant a proximité de l'ingénieux dispositif de pêche traditionnelle, en bambous.
Plus loin, la baignade des buffles nous obligera à « piler » sur l'eau.
Spectacle sauvage, au souvenir pictural fort. Par la chaleur que nous endurons nous-memes (nous sommes en fin de saison sèche) on comprend que ces mastodontes veuillent se rafraîchir¦ Pas si bêtes ! Les eaux argileuses de l'immensité du lac rappellent en nous des sensations déjà expérimentées en Mauritanie¦ au milieu de cette étendue au ton de sable, on se croirait de retour en plein Sahara. Célestine serait-elle devenue voiture amphibie ?!!!

- « Comment ces pierres peuvent elles tenir sans ciment, depuis 1 millénaire?
- Tiens, ils ne connaissaient pas la technique de la voûte !
- Regarde la finesse de ce bas relief !
- Ici, c'est un Naja à 9 têtes, symbole de l'empire angkorien»

La visite du site d'Angkor est féerique¦ on essaie en imaginaire de se replonger dans le faste de cette période, de fermer les yeux et de voir vivre au milieu de ces pierres une civilisation disparue. Plus de 200 temples sont répertories. Bien sur on ne les verra pas tous, mais grâce a Alain, qui nous guide dans ces dédales rocailleux mieux qu'un professionnel, nous nous extasions devant un échantillon représentatif de l'ensemble. Temple montagne ou couche, inconnu ou touristique, végétatif ou rayonnant, simple ou labyrinthique. nous vous souhaitons a tous de pouvoir un jour vous plonger
Dans ces merveilles¦ De retour a Phnom Penh, nous retrouvons la petite communauté de français volontaires ou stagiaires, que nous avions rencontre avant notre départ.
Quotidien convivial, ou les visites s'alternent avec les rendez-vous pris pour notre projet. Lorsqu'on a une heure devant soi, on peut par exemple aller s'amuser avec les singes en liberté dans un jardin public de la ville. Ou encore, cette après midi libre que nous avons passée dans les eaux du Mékong, jouant aux acrobates avec les enfants de l'île de la soie.
Une de nos après midi est consacrée à la visite de Tuol Sleng, cette prison témoigne de l'atrocité du régime khmer rouge, au pouvoir de 1975 à 1978. Je préfère ne pas m'essayer à résumer en quelques lignes les grands traits de ce génocide, considérant qu'il faut forcement aller au fond des choses pour comprendre ce qu'il s'est passe ici. A plusieurs reprises, nous avons pu discuter avec la vieille génération, parlant franÇais. Ces hommes nous ont décrit sans pudeur ce qu'ils avaient endure, devant par exemple se garder de porter leurs lunettes et de parler français pendant 3 années, chasses de la ville pour aller travailler aux champs, seuls rescapes de familles décimées.
On sent que les langues ont besoin de se libérer. Ces témoignages sont d'autant plus touchants qu'on sait que tout cela est très récent. On ne peut que vous inciter à vous documenter ou à relire des ouvrages sur cette période, encore trop peu aborde dans nos manuels scolaires. (Lire par exemple « le Portail », de François Bizot ; « D'abord ils ont tues mon père », de Loung Ung ; ou plus simplement voir ou revoir le film « La déchirure »)

Au cours de cette dernière semaine, nous reprenons également nos objectifs de pompage, cette fois ci plutôt orientes sur une étude de faisabilité que sur des implantations. Le problème de l'eau en Asie est en effet bien différent de celui de l'Afrique. Nous rendre sur place est le meilleur moyen de savoir si la pompe Valdes peut satisfaire des populations ici. Compte tenu de la concurrence, de la situation de la filière bois dans le pays et du vent trop faible sur la plupart du territoire nos conclusions sont plutôt réserves au premier abord, sur l'avenir de notre prototype dans le pays¦ Nous poursuivons également nos visites de centres de formations techniques.
Déjà notre séjour ici touche à sa fin et il nous faut songer à prendre le chemin de la Thaïlande. Sur notre route, haltes brèves à Battambang et Poipet, ville frontalière. Pour rallier ces 2 villes, nous nous retrouvons perches a l'arrière d'un pick up, assis sur des sacs de cacahuètes, 4 visages de « Barangs » (blancs) contrastant avec les 11 autres cambodgiens agglutines sur la plate forme, enturbannes dans leurs kramas, foulard traditionnel, véritable symbole national. Poipet a l'allure d une ville de
trafics. Des charrettes a bras, aux chargements suspicieux passent le pont de la frontière en d'incessants va et vient. Des enfants, rendus obèses par les multiples épaisseurs de vêtements contribuent à faire passer la marchandise vestimentaire !
Nous passons le pont. Je ne peux m'empêcher de me retourner vers ce pays qui m'a tant marque. Au revoir Cambodge !
Nicolas.
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